Témoignages

Katy .

« Quand je vais postuler à un travail, je suis obligée de dire que je n’ai pas d’enfants.[…] Moi, on m’a licenciée, parce que j’étais trop souvent absente pour mon enfant »

« Quand je vais postuler à un travail, […] du moment que je dis que j’ai des enfants, que je suis une femme, heu… même quand je dis pas que j’ai des enfants, « ah ben oui, de toutes façons, vous êtes une femme, vous êtes jeune, vous en aurez, ça va être compliqué, est ce que vous êtes sûre que vous voulez pas d’enfant tout de suite, est ce que… […] pendant les entretiens, […] la question de l’enfant revient tout le temps »

Portrait d'une femme à la peau marron, avec cheveux longs, bandeau et boucles d'oreilles

Floriane .

Déjà, « quand je suis revenue de congé maternité [3è enfant, et que], j’ai demandé à passer à 80%. […] j’ai rapidement été étiquetée comme celle qu’est pas trop disponible [parce que] je ne travaillais pas le mercredi.

[Après la séparation], je suis passée en garde alternée, et j’ai essayé de mettre en place un système : la semaine où j’ai pas mes enfants, je travaille beaucoup, et la semaine où j’ai mes enfants, je travaille moins. […] mais la hiérarchie a commencé à me faire des remarques récurrentes sur le fait que je ne faisais pas des horaires de cadre alors que j’étais cadre.
Au bout d’un moment, j’ai noté tous les matins, à quelle heure j’arrivais, à quelle heure j’allais manger, et j’ai tout noté, et en moyenne, je faisais 9h par jour, donc mes horaires je les faisais[…]

Le harcèlement a continué, jusqu’au burn-out.

« je voulais tellement y arriver que, entre les enfants, le boulot, etc., j’étais épuisée. Mon corps n’était plus capable de rien »

« C’est le repas du soir, là, où je les supporte plus, là, les trois! (imitant des voix de fillettes) :
« ah, j’aime pas ça! ah tu manges salement, gnin gnin, ah je veux pas ceci-cela ». Comme je me suis énervée le dimanche soir, je les ai laissées finir leur repas, et je suis partie jouer de la guitare dans le salon mais je les entendais s’engueuler de loin, et ça a pas fait baisser ma colère »

« La société ne laisse pas la place à être parent, en fait. On est tellement pressées, tout le temps, faut se dépêcher, vite, heu.. aller travailler, allez on les dépose comme ça l’école, hop on part, on les reprend… la place du parent, elle est difficile à trouver en fait. »

Portrait d'une femme blanche blonde aux yeux verts

Irène .

« J’étais très perturbée par l’attitude de ma cheffe, je ne pensais plus qu’à ça tout le temps, j’essayais de comprendre, j’arrivais plus à décrocher du boulot. J’en rêvais, j’y pensais tout le temps, et je suis devenue exécrable avec mes enfants: je ne les écoutais pas, je m’agaçais très vite, je leur criais dessus pour un rien. […] Il fallait que je résolve le problème très vite pour me mettre à l’abri du pétage de câble, et du coup pour mettre mes enfants à l’abri avec moi. Donc, j’ai démissionné. »

« […] je ne peux pas payer de garde pour ma fille, c’est pas dans mes moyens, et du coup, ça restreint ma recherche de boulot. Je sais faire plein de choses, mais je ne peux pas travailler le week-end, ni le soir, hôtellerie, non, commerce, non. Reste que le boulot de bureau… »

« Quand mon fils était petit, et ça a duré des années, y avait une angoisse terrible qui me taraudait : et si je mourais ? Que deviendrait-il ?? Bien sûr matériellement, il s’en sortirait, j’ai la chance d’avoir une famille qui n’a pas de problème de fric majeur, mais c’est psychologiquement. Je pensais que mon fils il crèverait psychologiquement de mon absence, parce que je suis.. j’étais sa seule référence. C’est un sentiment vraiment affreux. »

« ce qu’est vraiment usant, c’est qu’y faut changer de casquette sans arrêt. Un coup, t’es flic, un coup, t’es infirmière, un coup t’es arbitre […] et tout ça dans la minute, quoi. Tu dois gronder, sermonner, puis juste après tu dois soigner faire un câlin, et tu sais jamais si tu doses comme il faut.. Pfff… c’est vraiment une prise de tête permanente. »

« Tu sais, il m’est arrivé des trucs assez terribles dans ma vie, j’ai traversé des épreuves très rudes. […] mais je serais prête à revivre tout ça 10 fois, si je pouvais éviter de vivre ce que j’ai vécu comme mère solo. J’ai jamais vécu quelque chose d’aussi horrible que d’être seule avec un petit bébé. Je pense qu’il y a des femmes qui se posent moins de questions, […] Mais si t’es pas satisfaite de ce que tes parents ont fait pour toi, si tu dois tout construire, et qu’en plus, t’es seule ? C’est un cauchemar. Avec en tête, la fatigue. La fatigue ça rend tout le reste compliqué. Et là, en fatigue, t’es servie ! »

«J’étais si seule avec ce petit enfant, il ramassait tout le pauv’gosse… Ca m’a dévorée de culpabilité. Je vivais une période vraiment dure, au boulot ça n’allait pas, j’avais pas le temps de voir mes rares ami·es, donc zéro vie sociale, en plus je ne suis pas quelqu’une de patiente, par nature, et puis j’étais é-pui-sée ! Je pétais les plombs pour des détails…
Pauv’chti pépère, quoi… »

Avatar représentant Irène., autrice d'un témoignage

Dorothée .

« Moi je suis toute seule. Je devais aller à un entretien de recrutement demain, mais je l’ai annulé. Je ne pourrai pas aller chaque jour à [ville de banlieue toulousaine] en bus. Le bus c’est pas fiable, et j’ai pas de bagnole, j’ai pas de mari, qui derrière peut
assumer, j’ai pas une mère qui va récupérer… Imagine que tu doives bosser à [ville de banlieue toulousaine], ton enfant s’est ouvert le crâne à la cour de récré, tu fais quoi? C’est pas pour moi, donc je fais d’emblée une croix sur cette carrière… »

« Je me rappelle j’ai appelé le SAMU en disant « mais il pleure, en fait! » ce qui est normal, c’est un bébé (rires) mais quand il pleure toute la nuit, ça s’appelle des pleurs nocturnes et que vous êtes épuisée, que vous savez pas ce que c’est, […] … moi je m’en suis sortie, mais je m’en suis sortie parce que j’ai lu, et j’ai réfléchi, mais peut-être que d’autres s’en sortent pas, et ça finit mal. Je sais pas…. »

Portrait d'une femme à la peau marron et cheveux raides marrons

Ursula .

Ursula , séparée du père de sa fille depuis la grossesse, souhaitait retrouver du travail à la rentrée suivante. Son bébé aurait environ un an à ce moment-là. Au moment de sa candidature à une place à la crèche, on lui précise qu’il faudra impérativement qu’elle soit en poste le jour de l’entrée en crèche, car les places en crèche sont réservées … aux personnes qui travaillent.

Comment chercher un emploi quand on a un bébé sur les bras ?

Portrait de femme blanche blonde aux cheveux courts

Daniella .

Daniella a 36 ans, mère divorcée de trois enfants, dont elle a la garde principale, fonctionnaire titulaire de l’Etat. L’école refuse, au motif de leur propre intérêt, que les enfants soient en garderie à la fois le matin et le soir. « […] Vous pouvez pas mettre vos enfants à l’école de 7h30 à 18h30 le soir. Ils considèrent que c’est trop, que c’est une plage horaire trop importante, donc il faut choisir […].
Ca suit pas, de ce côté là. C’est vrai que c’est un problème. Sinon, faut prendre une nounou. J’ai essayé figure-toi, mais trois enfants en périscolaire, personne ! Personne n’en veut. C’est à dire qu’il faut déjà que la nounou elle ait des places, et puis c’est pas un contrat avantageux, une heure et demi tous les soirs, pour les nounous. Donc elles refusent ! Même si elles ont la place, elles refusent, hein, c’est pas ce qu’elles cherchent. […]
Je ne trouvais pas, donc il fallait que je prenne une baby sitter, […] mais, vous changez de ville, vous changez de quartier, vous ne connaissez pas, vous ne confiez pas trois enfants, comme ça, à n’importe qui, le premier venu qui dit « moi je veux bien m’en occuper, tu me payes… », non ! »

Avatar représentant Daniella, autrice d'un témoignage

Babeth .

Babeth est manager dans un fast-food. A temps partiel seulement depuis la naissance de sa fille. « […] tu dois gérer toute l’organisation, […] Quand tu rentres de ta journée de boulot, c’est la course tout le temps, tu dois faire à manger, tu dois faire prendre le bain, tu dois veiller à ça, à ceci, à cela, … »

« En couple, tu vas gérer tes problèmes à deux, avec un adulte, sauf que là non, ton enfant il est en première ligne, il fait pare-feu, … il va absorber tes émotions, tout, c’est le lien direct. Si un des parents ne va pas bien, y a l’autre qui va prendre le relais, ou bien t’as des problèmes à ton boulot, tu vas en parler avec ton conjoint, mais là non en fait et dans le bon comme dans le mauvais, ben c’est l’enfant qui subit […] et même avec la meilleure volonté du monde, tu peux pas… faire semblant. »

« C’est dur quoi, tu fais pas ce que tu veux, t’as des contraintes, t’as de la fatigue, énormément de fatigue. »

Portrait d'une femme blanche avec tâches de rousseur et cheveux roux tressés

Xavier .

Xavier : « c’est fatigant. ouais. C’est fatigant, parce que ça demande beaucoup d’attention, d’énergie, on peut pas trop faire quelque chose à côté, heu.. quand on a un enfant, heu.. ouais, les habitudes de sortie, ‘fin tout ce qui est personnel, faut l’abandonner […] »

Avatar représentant Xavier, auteur d'un témoignage

Zoé .

« Léo n’a pas fait ses nuits pendant 8 mois. Je me levais 15 fois par nuit […]Je me suis dit, il a la belle vie quand même N. [l’ex-mari]. Lui, et je le lui dis souvent, parce que quand Léo était tout petit qu’il se réveillait quinze fois par nuit, que j’avais juste envie de le jeter par la fenêtre, que j’en pouvais plus, que j’étais fatiguée, j’étais épuisée, et que je me disais : mais lui, il a la belle vie, quoi ! Lui, il est chez lui, il dort, il a ses 8h de sommeil, il a pas les lessives, il a pas la bouffe, il a pas les courses, heu… et lui, la belle vie, effectivement je me suis dit, franchement, sa vie est mieux que la mienne, quoi »

Portrait de femme blanche châtain cheveux mi-longs